Interdits de WhatsApp et Skype… les internautes marocains se rebellent

Publié le dimanche 6 mars 2016

Au Maroc, c'en est fini des appels gratuits via WhatsApp, Skype, Viber ou Facebook Messenger sur les smartphones. L'Agence nationale de réglementation des télécommunications marocaine a tout bloqué pour préserver l'oligopole des agences de télécommunications marocaines. Mais les internautes marocains ne se laissent pas faire et ripostent sur les hashtags #OpeUnlike et #VoIP.

En décembre, l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) expliquait sa décision de bloquer les appels via les applications telles que WhatsApp, Viber et Skype qui permettent de téléphoner gratuitement en passant par Internet. L'ANRT s'est ensuite justifiée en dénonçant la concurrence déloyale de ces applications pour les opérateurs de télécommunication au Maroc. Jusqu'à récemment toutefois, les appels en 3G et 4G étaient bloqués, mais il restait aux utilisateurs la possibilité de passer leurs appels en utilisant un réseau wifi. Ce n'est désormais plus le cas. Il leur faut désormais passer par les opérateurs traditionnels et payer au prix fort leurs communications.

Pour Sarah (pseudonyme), notre Observatrice au Maroc, cette décision va affecter les Marocains au niveau financier, mais aussi personnel.

Depuis janvier, les actions pour protester contre ce blocage se multiplient. Plusieurs internautes actifs sur les réseaux sociaux, peu convaincus par les arguments légaux avancés par l'Agence nationale de réglementation des télécommunications, ont très tôt appelé au boycott des opérateurs de télécom au Maroc. Dans une vidéo visionnée plus de 500 000 fois, l'un d'eux, Amine Raghib, rappelait qu'Internet devait rester libre et accessible par tous. Marouane Lamharzi, créateur de l'application Sybla TV, a aussi lancé l'idée de la campagne "unlike" des pages Facebook des opérateurs de télécom.

Après un appel au ‘unlike', les trois grands opérateurs ont perdu 150 000 fans en un week end

Après cet appel, les trois grands opérateurs, Inwi, Maroc Télécom, Méditel, ont perdu 150 000 fans en un week-end. L'idée est que tous les utilisateurs qui ont aimé les pages Facebook de leurs opérateurs retirent leur "like ". Il ne restera bientôt plus que les "like" achetés à des utilisateurs étrangers.

Nos vies pâtissent de tous ces blocages

Nos vies pâtissent de tous ces blocages. Je travaille dans une entreprise multinationale américaine basée au Maroc et j'utilise mon smartphone pour passer des appels vocaux gratuits à l'international. Je suis chaque jour en communication avec des clients aux États-Unis, en Égypte ou en Arabie Saoudite. Là, je ne peux plus le faire. Cela nous pénalise sur le plan professionnel.

Ma vie personnelle est également directement affectée. Mon mari vit à Paris et c'est grâce à ces appels vocaux gratuits via Skype ou Viber que nous restons en contact au quotidien. En plus de nous avoir coupés sans même nous l'annoncer l'utilisation d'Internet pour passer ces appels, les opérateurs de télécommunication ont augmenté le coût des appels à l'international.

Je ne veux pas avoir à payer davantage, alors j'ai téléchargé une application pour contourner le blocage. Elle s'appelle Betternet. Il y en a d'autres. Tout le monde s'échange de bons conseils pour continuer à appeler gratuitement. Des applications comme Betternet permettent de changer l'adresse IP. Du coup, quand je passe un appel de Casablanca, je suis localisée à Londres.

Les opérateurs regrettent d'avoir mis sur le marché de cartes prépayées pour Internet

Ces blocages ne sont pas un moyen de limiter la liberté d'expression, c'est un problème économique. Je pense que les opérateurs regrettent d'avoir mis sur le marché de cartes prépayées pour Internet, qui étaient utilisées pour passer des appels.

Sarah Maroc (Les observateurs)

(Source : France24, 4 mars 2016)



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