Alex Bernard Bongo : « Nous permettons aux usagers de disposer gratuitement du .ga »
Le directeur général de l'Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences du Gabon (ANINF), Alex Bernard BONGO ONDIMBA, dans un entretien exclusif accordé à TIC Mag, le portail d'actualité sur les TIC et Télécommunications en Afrique centrale, évoque les avancées du Gabon en matière du numérique et particulièrement les actions de la structure dont il a la charge dans la marche du pays vers la société de l'information et de la connaissance.
TIC Mag : En 2014, on évaluait à 39 le nombre de sites web réalisés par l'ANINF pour le compte des différentes administrations et des grandes institutions gabonaises. A ce jour, quel est le bilan ?
Alex Bernard BONGO ONDIMBA : Aujourd'hui, nous comptons 77 sites web de l'administration réalisés dont un Portail gouvernemental, 28 sites pour les départements ministériels, huit pour les institutions, 10 pour les ambassades, 10 pour les mairies et 19 autres administrations et enfin un site web pour le Secrétariat général du gouvernement.
Une rétrocession des activités d'administration et maintenance de ces sites est effectuée au profit des Directions centrales des systèmes d'information (DCSI) qui doivent en assurer le suivi et la maintenance de premier niveau pour le compte des différentes administrations et des grandes institutions.
TIC Mag : Combien d'entreprises, d'institutions gabonaises (ou étrangères) disposent d'un site web avec le nom de domaine local (.ga) ?
ABBO : Il existe près de 500 sites web d'entreprises et d'institutions gabonaises sur la toile portant l'extension « .ga ». Ce qui est minime au vu du nombre d'opérateurs, d'institutions et d'autres entités en activité au Gabon. En effet, en tant que gestionnaire du nom de domaine Internet gabonais « .ga », nous permettons aux usagers de disposer d'un nom de domaine internet gratuitement pendant un an, ou payant à partir 5000 F.Cfa. Près de 550 000 noms de domaines ont été enregistrés. Nous faisons plusieurs efforts dans ce sens pour encourager la création de contenus locaux. A l'instar des challenges de développeurs organisés en partenariat avec le Fonds francophone de l'innovation numérique (FFIN) ou certains accélérateurs numériques. Par ailleurs, avec la création en 2013, dans chaque département ministériel d'une Direction centrale des systèmes d'informations, chargée de mettre en œuvre la politique de l'Etat en ce qui concerne le numérique, chaque agent public pourra disposer d'une adresse de messagerie électronique professionnelle avec une extension en « .ga ».
TIC Mag : Comment procède-t-on pour acquérir le .ga ?
ABBO : La procédure d'enregistrement est extrêmement simple et automatisée sur le site web http://my.ga ou plus tard sur le site de l'un des bureaux d'enregistrements du « .ga ». ou revendeur accrédité. Il s'agit dans un premier temps de vérifier que le nom de domaine « .ga » que l'on veut est disponible et remplir le formulaire qui est proposé. Pour enregistrer un domaine « .ga »., un utilisateur peut choisir des domaines gratuits ou des domaines payants. Afin de couvrir 100% du marché national nous avons lancé une campagne d'accréditation de bureaux d'enregistrement ou de revendeurs. A ce jour, près de 550.000 domaines en « .ga » ont été enregistrés. Enfin, le prix standard d'un nom de domaine est de 5.000 FCFA par an.
TIC Mag : Le Gabon a lancé en 2013 par l'intermédiaire de l'ANINF une infrastructure nationale à clé publique (PKI) qui sécurise toutes les transactions électroniques du gouvernement. Sur le terrain, comment fonctionne cette PKI ?
ABBO : En effet, dans le cadre du projet ‘‘Autorité de certification nationale'' du Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE), le 23 novembre 2013 nous avons lancé l'Infrastructure de gestion des clés (IGC). Il s'agissait de mettre en place le Tiers de Confiance de l'Etat pour la délivrance des certificats électroniques du Gabon. On y distingue trois PKIs : la PKI technique, la PKI passeport et la PKI nationale.
A ce jour, les différentes PKIs permettent la délivrance des cartes opérateurs pour s'authentifier sur l'infrastructure de production de passeports et l'infrastructure PKI elle-même. Elles permettent également la délivrance des Certificats pour sécuriser la fabrication des passeports ordinaires, ainsi que la délivrance des Certificats SSL DV, VPN et Cachet Serveur pour le compte de l'administration et des particuliers.
TIC Mag : Combien d'administrations utilisent déjà la PKI ?
ABBO : A ce jour, les principaux utilisateurs de ces PKIs sont le ministère de l'Intérieur, qui l'utilise présentement pour l'établissement et la délivrance des passeports et dans un futur proche pour la carte nationale d'identité électronique et l'ANINF pour sécuriser les sites web de l'Administration, notamment le portail de l'Education nationale. aninf_gabon
TIC Mag : Parlant d'éducation nationale, où en sommes-nous avec le projet e-Education en cours au Gabon ?
ABBO : Aujourd'hui, dans le cadre du programme e-Education, nous comptons huit salles de classe numériques déployées à Libreville, 34 établissements scolaires câblés en réseau Ethernet dont 23 sont fournis en Internet par Vsat et 11 à travers le RAG, un mini Datacenter au ministère de l'Education nationale, huit locaux techniques réhabilités dans les directions académiques provinciales ainsi que 1300 ordinateurs distribués.
Sur le plan applicatif, une plate-forme éducative dénommée ‘‘Portail Educatif'' a été réalisé. Un progiciel national de gestion de la vie scolaire appelé ‘‘X-gest'' a également été développé. Il sera déployé dans 74 établissements au cours de l'année 2016.
De plus, nous avons plusieurs projets en cours, notamment la formation de 400 enseignants à la découverte du numérique et au Certificat Internet et Informatique (C2I).
Il y a également un programme de formation massif à l'endroit des jeunes, scolarisés et non-scolarisés, en collaboration avec la Fondation Sylvia BONGO ONDIMBA qui mettra à disposition dans les établissements des salles de formation mixtes, tandis que Microsoft fournira les contenus de formation. Parmi les autres actions en cours il y a la formation sur la culture entrepreneuriale avec l'ONG Junior Achievement Gabon (JA) ; la mise en place du réseau de l'éducation avec HUAWEI ; et la création des Laboratoires technologiques dans les établissements avec Microsoft, ORACLE et CISCO. Nous projetons également la mise en place de plateformes culturelles et de formation en ligne par le campus numérique (e-Learning), dans l'objectif de rendre accessible par l'internet la culture et l'éducation aux populations.
TIC Mag : Le 30 octobre 2015, en marge du 3ème Sommet Inde-Afrique qui s'est tenu du 26 au 29 octobre 2015 à New Delhi en Inde, l'Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences (ANINF) a signé un accord préalable à un mémorandum d'entente avec l'Indian Centre for Social Transformation (ICST – comité d'utilité publique). Quel peut être l'apport d'ICST dans la modernisation des services numériques au Gabon ?
ABBO : Comme vous le savez le développement de l'économie numérique au Gabon est une des exigences du projet de société « Gabon Emergent » de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Ali BONGO ONDIMBA. Au début de l'année 2015, ce secteur d'avenir employait plus de 12 000 personnes et contribuait déjà à hauteur de 5% du PIB du pays dans le bilan de l'année 2014.
Ce dynamisme est perceptible à travers de nouveaux services et métiers dans les domaines de la banque, de la finance, des postes et des télécommunications, de la formation et des médias. C'est donc tout naturellement que nous avons pris part, au sein de la délégation gabonaise au 3ème sommet Inde-Afrique afin de nouer des partenariats de développement dans le secteur des Technologies de l'information et de la communication et bénéficier ainsi de l'expertise technologique des entreprises indiennes.
Nous avons donc signé un accord de partenariat avec la société indienne MU SIGMA, un des leaders mondiaux de l'externalisation des services avancés d'aide à la décision et l'Indian Centre for Social Transformation (ICST), fondation reconnue d'utilité publique œuvrant dans le secteur numérique. Ces accords se matérialiseront à court terme avec la formation de plusieurs centaines de nos compatriotes et la mise en place d'un dispositif évolué d'administration numérique qui facilitera l'information, l'orientation et l'accès des usagers aux services publics.
TIC Mag : Dans le cadre de la création de contenus et services en ligne, on a suivi il y a quelques temps le challenge 55H Gabon. Quelles sont les autres actions de l'ANINF pour promouvoir et développer les contenus locaux ?
ABBO : Notre positionnement comme leader dans le développement numérique au Gabon nous contraint naturellement à soutenir les initiatives visant la formation et entrepreneuriat des jeunes dans ce domaine. L'objectif est de guider ces jeunes vers les métiers porteurs d'avenir professionnel ; et les TIC constituent un secteur passionnant, porteur de croissance économique. Actuellement et en collaboration avec nos partenaires au sein du projet Central Africa Backbone (CAB4), nous avons sélectionné 30 jeunes qui vont bénéficier pendant six mois d'une formation pratique dans les métiers de la fibre optique. Nous sommes aussi en partenariat avec des incubateurs, accélérateurs de projets générateurs d'emplois, tel que JA Gabon.
Parmi nos actions, nous citerons le soutien à l'organisation de la première édition du BarCamp Gabon qui a eu lieu le 31 janvier 2015 et de la semaine de l'entreprenariat qui s'est tenue du 16 au 22 novembre 2015. Egalement, du 14 au 18 décembre 2015, nous avons été partie prenante dans l'organisation du premier Salon international de l'économie numérique et de l'innovation au Gabon (SENIG) dont le thème était : « Jeunesse et numérique, levier de développement durable ».
Nous nous sommes également investis pour permettre le développement des échanges et des contenus locaux. (…) Un point d'échange internet nommé ‘‘GAB-IX'' a été aussi construit. Ce dernier verra dans les prochains jours, l'installation en son sein d'un serveur cache de Google.
Enfin, sous la tutelle du ministère de l'Economie numérique et en partenariat avec la Banque mondiale, nous lancerons dans les mois à venir le premier incubateur gabonais intégralement dédié aux TICs. Je rappelle aussi que nous disposons d'un département Recherche et Développement (R&D) pour accompagner l'innovation technologique au Gabon.
TIC Mag : Aujourd'hui à l'ANINF, combien d'applications gabonaises pour faciliter la vie des populations avez-vous recensé ?
ABBO : Nous disposons d'un portefeuille de 41 projets prioritaires regroupés au sein d'un Schéma directeur national des systèmes d'information. Certains d'entre eux sont déjà opérationnels et participent à rapprocher l'usager de l'administration. Notamment le logiciel de gestion de la vie scolaire : ‘‘X-gest'' ; le logiciel de gestion des examens : ‘‘GE'', offrant la possibilité de s'inscrire en ligne aux examens nationaux ; le logiciel de déclaration et de paiement en ligne des impôts et taxes : ‘‘e-Tax'' et le logiciel de demande de visa en ligne : ‘‘e-Visa''.
TIC Mag : A ce jour, quel est le pourcentage de dématérialisation de procédures administratives au Gabon ?
ABBO : Aujourd'hui, nous avons identifié près de 500 procédures dont 95% ont été dématérialisées dans le cadre du lancement du Centre de l'information de l'administration gabonaise (CIAG).
Un autre projet important dans le cadre de la dématérialisation est la gestion électronique du courrier et des documents (GED). Ce projet est bien avancé et devrait être opérationnel dans moins d'un an. Il se déroule en deux phases : il y a d'abord une phase pilote dont le périmètre est limité à l'ANINF et qui sera ensuite suivie d'une phase de généralisation de la plateforme à l'ensemble de l'administration gabonaise.
TIC Mag : Où en est-on aujourd'hui avec la construction du Backbone national ?
ABBO : Le projet Africa Coast to Europe (ACE) a permis au Gabon de disposer d'un second accès à très haut débit vers l'international et d'une liaison fibre optique sous-marine entre Libreville et Port-Gentil. Ces infrastructures sont en exploitations et ont été transférées à la Société de patrimoine des infrastructures numériques (SPIN) pour leur valorisation. Une délégation de service public a été signée entre la SPIN et Axione dont les activités d'exploitations ont débuté en janvier 2016.
Dans le respect du nouveau modèle de gouvernance des infrastructures numériques construit par l'Etat pour un accès ouvert, la filiale ACE a été créée par la SPIN en octobre 2015 et est aujourd'hui fonctionnel. La première phase du projet sous régional Central Africa Backbone 4 (CAB4) qui va relier Libreville à Franceville avec un prolongement vers la République du Congo, est en cours de réalisation depuis le 8 mai 2015. Il devrait s'achever en octobre 2016 et totalisera 1075 kilomètres de fibre optique. Le constructeur a actuellement ouvert quatre fronts pris en charge par trois équipes distinctes. Il s'agit des liaisons « Owendo – Franceville », « Franceville – Moanda – Bakoumba – Lekoko », « Koula-Moutou – Lastourville » et « Franceville – Bongoville – Lekoni ». Nous comptons à ce jour 755 kilomètres de pose de conduite PEHD, 70% de la distance à couvrir. Toutefois, tenant compte de l'avancée des constructions de centres techniques et du tirage de la fibre optique, nous évaluons l'avancement global du projet à 20%. La deuxième phase de ce projet portera sur les extensions Nord et Sud, avec prolongement vers le Cameroun et la Guinée équatoriale. Cette phase débutera en juin 2016.
TIC Mag : A ce jour quel est l'état du développement de la fibre optique (nombre de km) au Gabon et quels sont les projets dans ce domaine pour l'année 2016 ?
ABBO : Actuellement, près de 800 Km de fibre optique ont été déployés sur l'ensemble du territoire national via les différents projets (RAG, ACE, FE). A la fin du projet CAB4, 2 000 km de fibre optique auront été déployés. Pour l'année 2016, nous réaliserons l'extension du Réseau de l'administration gabonaise (RAG) qui consistera à déployer 50 Km de fibre optique supplémentaire pour raccorder les zones Sud et Est de Libreville. Dans le même temps, nous procéderons aux extensions du projet CAB4 pour raccorder les villes d'Oyem et de Lambaréné.
Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum
(Source : TIC Mag, 5 juillet 2016)
via OSIRIS : Observatoire sur les Systèmes d'Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal http://ift.tt/29xtALu
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