Attribution de la licence de 4G et renouvellement de sa concession

Publié le lundi 6 juin 2016

C'est l'épilogue du bras de fer qui oppose l'Etat du Sénégal à France Telecom, actionnaire majoritaire de Sonatel, au sujet de l'attribution de la licence de 4G. En effet, Sonatel a enfin accepté de débourser 100 milliards Fcfa pour s'adjuger non seulement la licence 4G, mais également obtenir plusieurs concessions de la part du Gouvernement, dont le renouvellement de sa licence qui arrive à terme en 2017 et l'éviction du conseiller en Tic du président de la République, Aziz Mbaye, du Conseil d'administration de Sonatel.

La rébellion des opérateurs de téléphonie par rapport à l'appel d'offres lancé par l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) réclamant un prix de réserve de 30 milliards Fcfa à chaque opérateur de téléphonie opérant au Sénégal, n'a été que de courte durée. Le géant français de la téléphonie, France Telecom, qui est l'actionnaire majoritaire du groupe Sonatel, ne pouvait rester insensible à la menace de l'Etat de procéder au lancement d'un nouvel appel d'offres international pour l'octroi de la 4G. Il a actionné ses leviers diplomatiques pour obtenir de l'Etat du Sénégal plusieurs concessions. Sonatel décide ainsi de payer 100 milliards Fcfa pour l'exploitation de la 4G, mais obtient dans le même sillage la garantie que sa licence sera renouvelée sans bourse délier en 2017. Un coup de maître pour le groupe Orange qui avait pourtant rejeté le prix de réserve de 30 milliards Fcfa retenu par l'Artp lors de l'appel d'offres restreint. Dans cet appel offres, il était indiqué un prix de réserve de 30 milliards Fcfa pour chacun des opérateurs de téléphonie mobile (Tigo, Orange, Expresso) et une vente aux enchères d'un package qui devrait offrir une large gamme de services et un débit plus rapide du service de l'internet. D'un commun accord, les trois concurrents avaient adressé une lettre au Gouvernement pour refuser de souscrire, sous prétexte que le prix d'entrée de 30 milliards Fcfa était exorbitant. Un délit d'initié qui avait suscité un branle-bas de combat à l'Artp, qui avait menacé de porter plainte pour entente illicite. Mais, entre temps, les négociations avaient été entamées au plus haut niveau et un accord de principe trouvé entre le Sénégal et Sonatel. Cette entente entraîne ipso facto de nouvelles négociations avec Tigo et Expresso, qui devraient casquer moins de 30 milliards Fcfa pour entrer en possession des fréquences de la 4G, dans la mesure où le principe de la concurrence a été levé avec cette mesure de l'Etat jugée colonialiste. Joint au téléphone, un officiel de Sonatel précise que les négociations sont certes avancées, mais que rien n'était encore officiel.

Sonatel obtient la tête d'Aziz Mbaye

En principe, si l'accord est définitif, le conseiller en technologie d'information et de la communication (Tic) du Président Sall ne devrait plus siéger au Conseil d'administration de Sonatel. Selon des sources dignes de foi, les administrateurs ont exigé et obtenu le départ de Aziz Mbaye du Conseil d'administration pour son hostilité à fleur de peau à leur groupe, mais aussi parce que pèse sur lui un fort soupçon de connivence. Qui plus est, il est accusé d'être la source de certains journaux sur les rencontres des administrateurs. Un autre Mbaye va passer à la trappe. Cheikh Tidiane. L'ancien Directeur général de Sonatel va également quitter le Conseil d'administration dont il est membre depuis longtemps. En somme, d'après nos informations, l'Etat, disposant de trois administrateurs dont un provenant du ministère des Forces armées, va bientôt désigner ses représentants au Conseil d'administration de Sonatel où, curieusement, ni le ministère de tutelle, ni l'Artp ne sont représentés. Mais avant la signature formelle, un autre cahier de charges devra être remis à Sonatel, sans doute plus exigeant que celui en vigueur jusqu'en 2017 et qui permet à l'entreprise de brasser des milliards au préjudice du contribuable, en dépit du service parfois exécrable.

En définitive, selon nos informations, l'Assemblée nationale sera prochainement convoquée en plénière pour adopter une Loi de finances rectificative (Lfr) afin de valider la rentrée des 100 milliards Fcfa. Une bouffée d'oxygène pour le Gouvernement qui devrait en profiter pour désamorcer la bombe sociale en ébullition, notamment avec les grèves à la santé et dans l'éduction.

Amadou Ba

(Source : L'AS, 6 juin 2016)



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