Facebook s'intéresse à M-Pesa

Publié le dimanche 11 septembre 2016

Mark Zuckerberg regarde de près M-Pesa, la grande success story de la finance africaine. Ce service, basé sur des texto, simplifie les transferts d'argent.

C'était une visite surprise. Mais elle n'est passée inaperçue : La semaine dernière, Mark Zuckerberg, fondateur et PDG du réseau social Facebook, était allé à Nairobi, la capitale kenyane, comme le rapporte le quotidien kenyan The Standard. « Je suis venu ici afin d'apprendre davantage sur la monnaie mobile », se fait citer l'entrepreneur américain par le journal. Il était sur le point de se rendre dans un centre de start-ups kenyans au second étage d'un bâtiment Bishop Magua

« Pour des gens qui passent la plupart de leur temps dans l'écosystème entrepreneurial ici au Kenya, il est peut-être difficile à voir à quel point le système kenyan est en avance par rapport à d'autres », disait Zuckerberg. « Et je pense que nous avons beaucoup à apprendre afin de construire de meilleurs services pour les gens partout dans le monde. »

Mises à part ces gentillesses à l'égard des entrepreneurs kenyans, Zuckerberg s'intéressait davantage à M-Pesa, un système qui permet le transfert d'argent par texto sans passer par des comptes en banque. Il suffit d'envoyer via M-Pesa un texto muni d'un code avec le montant que l'on envoyer à quelqu'un d'autre.

Avant l'introduction de M-Pesa, les pères de famille qui travaillaient à Nairobi devaient remettre une enveloppe remplie de billets de banque aux conducteurs des mini-bus afin de transférer de l'argent à leur famille vivant quelque part à la campagne. C'était relativement fiable, mais cela coûtait cher comme les conducteurs réclamaient une commission. Grâce à M-Pesa il est possible de transférer de l'argent à faible frais. Aujourd'hui, les Kenyans peuvent régler via M-Pesa même leurs factures d'électricité, leurs loyers et leurs impôts.

14 milliards de shillings kenyans soit environ 120 millions d'euros sont passés l'année dernière par les services de M-Pesa – par jour. Le service a enregistré rien qu'au Kenya 17 millions de compte – sur une population totale de quelques 40 millions de personnes.

Bien avant la naissance de la vague fin-tech, M-Pesa a révolutionné le secteur financier en Afrique de l'est. Introduit dès 2007 par Vodafone pour l'opérateur de téléphonie mobile Safaricom M-Pesa a trouvé beaucoup d'imitateurs. Le système est devenu succès même en Afghanistan, en Roumanie et en Albanie.

Aujourd'hui M-Pesa grâce à sa souplesse et sa simplicité crée les convoitises d'autres acteurs de l'Internet mobile tels que Uber, Facebook ou Airbnb. Et Zuckerberg a montré par le passé qu'il est prêt à payer des prix forts si ces acquisitions promettent d'arrondir Facebook. Ne citons à ce titre que Instagram ou WhatsApp. M-Pesa est susceptible d'apporter à Facebook deux grands avantages : une infrastructure de paiement mobile rentable et en pleine croissance ainsi qu'un réseau supplémentaire d'applications mobiles reliant des millions d'utilisateurs.

Cet exemple prouve bien à quel point l'Afrique est devenu un continent qui, loin de copier les business modèles du Nord, est devenu un acteur qui façonne le monde par des innovations originales. C'est pourquoi, nous chez Africa Partners encourageons les entrepreneurs européens à s'investir davantage en Afrique afin de participer à ce mouvement d'innovations majeures.

Christian Hiller von Gaertringen

(Source : Africa Partners, 9 septembre 2016)



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